Khadija Benfarah ∣ Avez-vous déjà eu peur de l’arrivée de cet événement bouleversant de votre vie, celui de la MORT, non pas de la vôtre mais de celle d’un être qui vous est cher ? Moi, oui, à tel point que cette image me tourmente, m’envahit et peu à peu m’affaiblit. Je ne sais toujours pas pourquoi ce rêve de la mort de mon père me revient pratiquement une nuit sur deux, pourquoi rêver de sa mort alors qu’il est encore en vie ? Pourquoi ce cauchemar me tourmente-t-il inlassablement ?
C’est peut-être parce que j’ai peur. Peur de le perdre à jamais, de ne plus l’avoir à mes côtés, pour me consoler quand je me sens mal, pour me redonner confiance en moi, pour m’encourager, me rendre HEUREUSE. Oui, moi, c’est mon père qui me rend heureuse, c’est lui qui m’a donné vie et c’est avec son départ que mon âme se consumera progressivement.
– Réveille-toi petite… ton père est mort…
Je me réveille en sursaut, j’allume la lampe qui se trouve à ma gauche et je regarde par-ci par-là en cherchant l’ombre de cette voix qui m’a chuchoté ces mots à l’oreille, mais en vain. Il n’y a personne. Et tout d’un coup, je me retrouve chez moi, notre maison est pleine. Il y a des personnes qui entrent tandis que d’autres sortent la figure aussi terne qu’un malade. Je me précipite à l’intérieur, je cherche ma mère ou l’une de mes sœurs pour comprendre ce qui se passe. Puis, de loin, je vois ma mère vêtue de noir, sur ses joues coulent de petites larmes. Je comprends aussitôt que, hélas, mon père est effectivement mort. D’un coup je me sens triste ou plutôt anéantie. J’essaie de pleurer, de crier, d’évacuer tout ce fardeau qui s’est subitement posé sur mes épaules… mais je n’ai plus de voix, plus de larmes, plus de force…
– La personne forte et rebelle que j’étais disparait à ce moment précis pour laisser place à une personne faible et fragile.-
Brusquement j’entends un faible bruit venant de loin mais qui, graduellement, se rapproche de moi et m’assourdit les oreilles. C’était mon réveil de cinq heures du matin. Je me rends immédiatement compte que ce n’était qu’un mauvais rêve. Ce même rêve qui me visite fréquemment mais de façon différente. Je sais, c’est difficile à expliquer mais c’est vrai.
Chaque matin, après avoir fait ce cauchemar, je me réveille avec le cœur serré et qui bat très fort, les mains tremblantes. J’ai la gorge sèche et une immense soif me gagne, j’étends ma main pour prendre une bouteille d’eau que je garde toujours près de moi avant de dormir. À peine ai-je bu deux ou trois gorgées d’eau que je me sens apaisée et calmée. Et au moment où je me dirige vers la salle de bain pour me rafraichir le visage, je m’aperçois que j’ai les yeux tout rouges. Je réalise donc que certes ce n’était qu’un rêve mais que je l’ai vraiment vécu comme une réalité.