Marie-Amélie Huard de Jorna ∣ L’Université Sorbonne-Nouvelle a ce quelque chose de merveilleux qu’on peut y croiser une foule de personnes aux compétences variées et aux passions diverses. C’est assez fascinant et un bon moyen de nourrir ses propres engouements pour la culture.
Marie Darrieussecq, écrivaine, passée entre les murs de l’Université Paris 3 lors de son cursus d’études, a présenté lors d’un colloque à la Bibliothèque Sainte-Barbe ce jeudi 18 janvier 2018, ses talents d’écrivaine-traductrice. Elle y a partagé son parcours atypique avec un groupe de passionnés de lettres anglaises et latines, et curieux de traduction.
La soirée était animée pour l’occasion par Aline Marchand, Docteur à la Sorbonne Nouvelle.
Traduire un roman dans une autre langue est une tâche ardue. Non pas que le travail relève en lui-même d’une difficulté particulière, un exercice classique pour des traducteurs dirions-nous. Mais qu’en est-il de la traduction d’un roman par un écrivain ? J’ai souvent pensé à la limite traçant la frontière entre le sens du texte dans une langue et le sens supplémentaire ajouté à la traduction dédiée à un autre pays. A quel moment la conservation entière du sens du texte originel disparaît-elle au profit de l’imprégnation de la culture du traducteur ? Cette question m’a toujours intriguée, je dirais même passionnée. En définitive cette question fascinante de l’évolution identitaire d’un texte pour ce qu’il devient sous la plume de la traduction, au travers d’une autre culture, conduit à des réponses variées selon les auteurs.
Avant tout, il s’agit d’une question de confiance. Une maison d’édition accorde la sienne à son écrivain-traducteur, celui-ci se voit alors offrir la possibilité d’insuffler à sa traduction sa dynamique et son style, tout en demeurant fidèle à celui de l’auteur traduit. Un travail très subtil.
Marie Darrieussecq présentait ses travaux de traduction en littérature anglaise ainsi que son fabuleux travail accompli en compagnie d’Ovide. « Tristes Pontiques » paru aux éditions P.O.L a été la révélation de la soirée, de « ma » soirée devrais-je préciser. C’est avec beaucoup d’humour et de passion que Marie Darrieussecq nous a parlé de l’exil d’Ovide, banni en l’an 8 par Auguste dans un coin reculé du monde connu, à Tomes, plus exactement, non loin de la mer Noire et du Danube. De cet exil sont nées des correspondances à la fois drôles et bouleversantes dans une langue exquise de simplicité et de subtilité mélangées.
Pour la petite histoire, Ovide avoue sans détour que sa « deuxième épouse ne valait rien » et la première lui ayant été imposé n’a que peu compté dans la balance. Cet exil en revanche le sépare de sa troisième épouse dont il est éperdument amoureux, demeurée à Rome pour plaider sa cause auprès d’Auguste non sans difficulté. De l’humour, oui certainement, mais aussi de la poésie, une beauté littéraire dont je recommande vivement la lecture, qui se confondra rapidement avec un voyage dans le temps.
Cette soirée fut ponctuée par un moment de lecture pendant lequel Marie Darrieussecq a su transmettre sa passion pour Ovide et de cette soirée je retiendrai volontiers ces mots « Adieu ma lumière, moi qui suis dans la nuit ».
Lors de cette soirée, Marie Darrieussecq m’a appris la générosité du travail de traduction. C’est vivre avec le texte d’un autre auteur, apprendre le sens de ses mots. Pourrions-nous ainsi dire la naissance d’une amitié.
Merci pour cette soirée passionnante et instructive.
Super 👌
Merci 😊
Bonne journée !
Marie-Amélie
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