Romain Dufrechou | Dans le cadre du dispositif Acte&Fac, le service culturel de notre faculté a laissé Carte Blanche aux onze troupes de la promotion 2017 2018. C’est à cette occasion que j’ai participé à l’atelier proposé par Eliakim, un des membres de la Compagnie Théâtre au Corps, venu partager sa passion.
« L’idée était de partager notre travail, et pour moi, de voir comment cela pouvait résonner avec d’autres personnes, comment chacun.e pouvait réagir. »
(Je préfère rassurer les lecteurs, je n’ai jamais appris à danser mais j’y porte un intérêt particulier. Amateurs ou professionnels nous étions tous à notre place dans cet atelier.)
La pièce est petite, froide, la lumière est vive. Mais très vite cette sensation de gêne va disparaître.
Avant même de faire les présentations, nous voilà allongés à même le sol, les yeux fermés. Sur fond de musiques d’opéras, le danseur/comédien nous demande de ressentir les points d’ancrage de notre corps dans le sol.
À mesure que le rythme s’accélère, Eliakim nous demande de bouger de la manière qui nous semble la plus appropriée. Je commence timidement par la tête, puis les épaules, et sans que je ne le contrôle, mon corps entier commence à se mouvoir, à se retourner, à rouler.
Pause. La question se pose rapidement : « Pourquoi avoir fait cela ? ». Sa réponse est claire :
« Quand tu écris tu as besoin d’une page blanche ? Là c’est pareil, on remet tout à zéro. »
Après cette mise en conditions et un rapide tour de présentations, nous commençons les explorations.
D’abord un travail sur nous : bouger, rouler, gesticuler, n’importe quel mouvement que notre corps a envie de faire.
« La manière dont les stéréotypes se retrouvent dans les corps est une partie de notre recherche. »
Nous avons repris cette recherche en imaginant les mouvements d’une personne bodybuildée, puis d’une personne anorexique, afin de ressentir les effets de ces différentes morphologies sur notre déplacement.
Ensuite, Eliakim nous montre des extraits de l’émission de télé-réalité « L’Ile de la Tentation », dans un but pédagogique bien sûr, celui de nous faire travailler dans le corps de l’homme puis de la femme « séducteur.rice ».
Nous aboutissons alors à un mélange de ces cinq corps. Nous explorons la pièce, tantôt séducteur.rice, tantôt anorexique, etc.
Puis, nous choisissons trois gestes, un cou qui tourne, un salut, n’importe quoi. Ils se mêlent à notre exploration, déclinés sous leurs façons d’être au féminin et au masculin.
A tout cela s’ajoute la création d’un enchaînement de trois mouvements un peu plus techniques que nous aimerions travailler.
Un extrait de Mémoire de Fille d’Annie Ernaux, sa première fois avec un homme, a été travaillé par la suite. Chaque personne présente a choisi une phrase à énoncer. Puis nous les apprenons et les récitons dans l’ordre du texte pour former une courte prose.
« Notre pièce, Happy Mâle, est construite à partir de jeux sur les représentations stéréotypées du féminin et du masculin. Mais elle ne s’appuie pas seulement sur le mouvement, c’est du théâtre danse. »
Et c’est sûrement pourquoi nous élaborons une petite chorégraphie mêlant tout ce que nous avions fait pendant la séance.
C’est après deux heures de connexion avec nous-même et les autres que nous ressortons de l’atelier. L’atmosphère est beaucoup plus chaleureuse qu’à l’arrivée. Les gens se regardent, se sourient. On discute aux personnes avec qui on a partagé ce moment. Et c’est dans un franc esprit de camaraderie que nous retournons chacun à nos petites vies.
Hey ! Tous aussi tu veux en savoir plus sur notre rapport au genre ? La façon dont notre sexualité peut interagir avec notre manière de penser, de bouger ?
Retrouve Happy Mâle, le spectacle du Théâtre au Corps, le 14 avril à 18H30 au Théâtre de la Cité Internationale (Festival Ecarts).
Tu peux aussi les retrouver sur facebook : @theatreaucorps ou sur leur site internet !