Nessrine Naccach | La vie d’un thésard n’est pas un long fleuve tranquille, loin s’en faut. Ses (mes) journées sont tantôt peuplées de séminaires, rencontres, lectures et déplacements tantôt terriblement silencieuses. La thèse, un moment de solitude ? Dirai-je. MAIS PAS QUE.
La Place de la Sorbonne, il fait cagnard
Une lirécrivaine-thésarde mi- folle de littérature, mi SSF (sans spécialité fixe) et donc anarchique
Son double comparatiste (ou presque)
Le double de son double (super héros, spécialiste d’adiscipline)
Une ombre auréolée (la sacro-Sainte sa majesté la littérature comparée).
I
Rien ne se passe. Ni rideau ni public.
ZUT, la thésarde est coincée dans le RER B à Saint-Michel.
(Désolée, un thésard, ça galère).
Toujours RIEN. Silence radio.
II
RIEN
« Un expresso SVP.»
« Tout de suite Mlle. »
L’ombre commande (joyeusement) un grand crème.
Rideau. Non la robe d’une jeune maître de conférences récemment qualifiée et amie de la thésarde.
III
(Le double comparatiste) « Nous avons reçu Habibi et avons de quoi peupler la soirée. Et dire que Craig Tompson s’est inspiré des Hazar Afsanè.»
(La thésarde) « C’est en anglais, petite piqûre de rappel ! »
(L’ombre) « Ton corpus est pluri-linguistique, l’as-tu compris ça ou pas ? »
(Le super héros) « I killed Scherazad! Pour en finir avec Shéhérazade ! Sahibat el-dar Shéhérazade ! Haroun and the sea of stories ! Scherazad’s diary ! Chez Rahazade ! Au total trois cent communications sur le motif narratif de Shéhérazade, soixante articles et cinq ouvrages à paraître. Qu’est-ce que je suis content de mon hyper activité ! »
IV
H. et G., deux autres doctorants viennent à l’improviste. Ils partageront avec la thésarde son café et ses délires de comparatiste. Il n’est de consolation que dans les mots qui ne sont pas des choses et dans les fragments de rêves qui ne sont pas une fiction.
V
Un corpus-labyrinthe, un plan encore cagneux et une problématique qui tient, à peine, en deux lignes et demi !
VENI, VEDI, VICI
(à suivre…)